Baignade dans la Seine et dans la Marne : comment y arriver ?

Rendre la Seine et la Marne baignables : qu’est ce que ça veut dire ?

Pour définir si un site est « baignable », on regarde la qualité bactériologique (les taux d’escherichia coli et enterécoques intestinaux, qui sont des bactéries fécales) de l’eau de la rivière ou de la mer.

Si la baignade est ponctuelle, pour un événement sportif par exemple, c’est le préfet de département ou le préfet de Police à Paris, qui, après avis des services de l’Etat en charge de la qualité de l’eau, ( dont l’ARS pour l’aspect sanitaire) et de la navigation, décide d’autoriser ou non la baignade.

Si la baignade est permanente, alors la qualité de l’eau est regardée au sens de la directive européenne.
C’est la commune qui déclare la baignade ouverte. L’ARS effectue les contrôles sanitaires tout au long de la période de baignade.

Donc pour rendre la Seine et la Marne baignables, il faut atteindre la qualité minimale au sens de la directive européenne.

Les normes de qualité de l’eau au sens de la directive européenne
Excellente qualitéBonne qualitéQualité suffisante
Escherichia coli (E.coli) 500/100ml (a) 1000/100 ml (a) 900/100 ml (b)
Entérocoques intestinaux (El) 200/100 ml (a) 400/100 ml(a) 330/100 ml (b)

(a) évaluation au percentile 95 (b) : évaluation au percentile 90. Les percentiles sont calculés sur les résultats analytiques de 4 saisons balnéaires.

La Seine et la Marne sont-elles loin de la qualité nécessaire à la baignade ?

Sur la Seine et la Marne, la qualité de l’eau est très variable. A certains moments de l’année, les seuils de la directive européenne sont respectés, mais un orage suffit à rendre l’eau de mauvaise qualité. En moyenne, sur l’année, ni la Seine ni la Marne ne respectent les seuils de qualité bactériologique en permanence.

La qualité de l’eau varie fortement en fonction de la météo et de la zone de prélèvement :

  • si il pleut fortement, la qualité baisse en raison des forts déversements d’eaux de pluie mélangées avec des eaux usées lors des orages,
  • la qualité de l’eau est plus dégradée à l’aval de l’agglomération parisienne.

Que faut-il-faire pour améliorer la qualité de l’eau de la Seine et de la Marne ?

Pour agir sur la qualité de l’eau, il faut « éradiquer » la contamination bactériologique. Pour cela, l’enjeu majeur, c’est l’assainissement.
En résumé, l’objectif c’est de garantir la qualité sanitaire de l’eau par temps sec et de l’améliorer en temps de pluie.

Garantir la qualité sanitaire de l’eau par temps sec 

- dans les stations d’épuration :

La Seine et la Marne n’étant jusqu’à présent pas baignables, il n’y a pas d’exigences sur la qualité bactériologique en sortie de station d’épuration. Les rejets ne répondent pas aux normes de la directive européenne baignade.

Actions : mise en place des traitements complémentaires pour diminuer cette pollution bactériomicrobiologique, sur les stations d’épuration de Valenton (94) et Noisy le Grand (93), situées en amont de Paris.

- faire la chasse aux mauvais branchements :

En cas de réseaux « séparatifs » (deux tuyaux pour collecter respectivement les eaux usées et les eaux pluviales), un peu partout sur le territoire – les deux sont parfaitement séparés par endroit, pas à d’autres-, il arrive qu’il y ait des mauvais branchements : les eaux usées sont rejetées dans le tuyau des eaux pluviales et vice-versa. Des eaux usées rejoignent alors directement les rivières sans traitement.

Il faut savoir en effet que le traitement de l’eau veut que les eaux usées soient traitées mais que les eaux pluviales, censées ne charrier que peu de déchets, soient rejetées directement dans les rivières.
Quand les branchements sont mal faits, tout se mélange et part tranquillement vers la rivière.

Pour rendre la Seine et la Marne baignables, l’un des gros enjeux, consiste donc à parvenir à éradiquer le plus de «  mauvais branchements possibles » et à faire en sorte qu’un minimum d’eaux usées repartent vers la rivière sans traitement.

Concrètement, cela nécessite un travail de recensement des branchements et plus encore, une fois les failles repérées, de réaliser les travaux indispensables pour modifier les raccordements.
Particuliers et collectivités doivent prendre conscience de l’enjeu de ces mauvais branchements.

Actions : cartographie des réseaux, recensement des mauvais branchements, sensibilisation du public, financement des travaux.
Mise ne ligne du site monbranchement.fr

- traiter les mauvais branchements des bateaux ou des établissements flottants :

Très souvent les péniches et autres bateaux installés à l’année sur les bords de Seine ou de Marne rejettent directement leurs eaux usées dans les rivières.
Avec environ 1 000 péniches, le niveau de pollution engendrée n’est pas négligeable, surtout si elle se déverse en amont de la zone de baignade.

Action : assurer la collecte des eaux usées de l’ensemble des bateaux soit en les raccordant au réseau d’eaux usées sur les quais, soit en stockant les eaux usées avant qu’elles soient collectées par un vidangeur.

Garantir la qualité des eaux de la Seine et la Marne par temps de pluie

Une partie des réseaux de collecte est unitaire, c’est à dire qu’eaux usées et eaux de pluie se mélangent dans le même tuyau. C’est le cas notamment à Paris. Quand il pleut une partie des eaux ne peuvent être traitées et des déversements d’eaux usées ont lieu dans le milieu.

Pour éviter ces débordements, il existe deux solutions : soit on restructure les réseaux soit on réduit les apports en cas de pluie.
Cette dernière option équivaut à tenter de désimperméabiliser les sols pour que l’eau de pluie pénètre dans le sol, plutôt que de rejoindre le réseau unitaire.
Il faut une politique de long terme qui consiste à mettre moins de bitume, à rendre des parkings perméables par exemple, à laisser dans les quartiers des zones où l’eau peut s’infiltrer. Bref à penser des villes qui vivent avec l’eau.

Un toit végétalisé dans le Val de Marne

Actions :
Optimiser les réseaux pour éviter qu’il y ait des rejets dès les petites pluies, déconnecter une partie des eaux de pluie des réseaux pour les infiltrer, garder la pluie là où elle tombe.
Un exemple : le plan Paris Pluie de la Ville de paris pour faire de l’eau une ressource.

Le calendrier :
  • 9 octobre 2019 : Signature d’un protocole d’engagement de l’Etat et des collectivités pour parvenir à rendre la Seine et la Marne baignables.
  • 18 octobre 2018 : définition des sites de baignade ( 23 sites)
  • 26 avril 2017 : validation du plan d’action
  • Juin 2016 : création d’un groupe de travail Etat-Ville de Paris, avec constitution de quatre sous-groupes : « priorisation des rejets », piloté par le Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne (SIAAP) ; « mauvais branchements », piloté par le Conseil départemental du val-de-Marne ; « gestion des eaux pluviales », piloté par le Conseil départemental de Seine-saint-Denis ; « bateaux et établissements flottants », piloté par Ports de Paris.

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