L’aquifère multicouche de l’Albien-Néocomien

L’aquifère sablo-argileux de l’Albien constitue un réservoir profond situé sous la craie du bassin parisien, sur une extension de plus de 100 000 km². Il n’affleure donc pas dans la région Ile-de-France, mais sur les bordures en Bourgogne et en Champagne notamment.
La nappe est captive en Ile-de-France, et s’écoule depuis les affleurements du sud-est et de l’est, vers la Manche.

Un aquifère bien protégé des pollutions de surface

La profondeur de l’aquifère augmente des affleurements de bordure vers le centre du bassin parisien pour atteindre 1000 m sous la Brie. L’aquifère est donc particulièrement bien protégé des pollutions de surface et l’eau de la nappe de l’Albien est ainsi généralement de très bonne qualité.
Le plus important niveau aquifère de l’Albien est constitué par la série imbriquée des sables verts : sables de Frécambault, des Drillons et sables verts proprement dits.

Sous l’aquifère albien, et séparé de ce dernier par les argiles de l’Aptien, se trouve encore un aquifère calcaréo-sableux d’age néocomien. Les niveaux piézométriques de ces deux aquifères varient sensiblement de la même façon en raison de la drainance au travers des argiles de l’Aptien.

La surface piézométrique montre un axe de drainage général correspondant approximativement à la vallée de la Seine aval. L’exploitation de la nappe en Ile de France induit une réorientation des écoulements vers cette région.

Toutes les piézométries sont disponibles sur la page piézométrie du Crétacé inférieur sur le SIGES Seine Normandie.

Dans les zones peu exploitées, la nappe est encore artésienne. La réserve en eau est importante, de l’ordre de 655 milliards de m3, mais son renouvellement est très faible, avec un temps de séjour moyen de plusieurs milliers d’années.

Gestion quantitative de la nappe de l’Albien

L’aquifère Albien est exploitée depuis le milieu du XIXe siècle, malgré sa grande profondeur. En 1930, les volumes annuels prélevés atteignirent 34 millions de m3 dans la nappe de l’Albien. La baisse de 74 mètres de son niveau entre 1861 et 1934 rendit certains puits inexploitables. De ce fait, en 1935, l’exploitation a été limitée en Ile-de-France par un décret soumettant à autorisation préalable tous les forages de plus de 80 mètres de profondeur.
En 1979, le volume de prélèvement a été limité à 18 Mm3 en Ile-de-France. Le SDAGE Seine-Normandie de 1996, a affirmé l’importance stratégique de l’Albien et du Néocomien comme ressource en eau potable de secours ultime. Cependant, le volume de 18 Mm3 ayant été étendu par erreur à l’ensemble du bassin et aux deux nappes Albien et Néocomien, il a été nécessaire de réviser et de préciser le SDAGE sur ce point.

L’arrêté du 21 février 2003 porte ainsi révision du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) du bassin Seine-Normandie en ce qui concerne la ressource en eau souterraine de l’Albien-Néocomien.
Cette ressource rare et de bonne qualité ne peut être exploitée en routine qu’à de faibles débits. En revanche, la configuration hydrogéologique du réservoir autorise des prélèvements intenses pendant quelques semaines. La nappe de l’Albien-Néocomien constitue donc, par les particularités précédentes, une ressource ultime pour l’alimentation en eau potable en cas de crise majeure. Afin de permettre l’alimentation de secours de l’ensemble des populations, les nouveaux forages ne peuvent être autorisés que dans les zones d’implantation précisées à l’annexe II de l’arrêté, et pour des volumes limités.

Complémentairement la nappe de l’albien-néocomien est classée en Zone de Répartition des Eaux. L’effet de ce classement est de soumettre les prélèvements à autorisation dès le seuil de 8 m3/h, au lieu de 200 000 m3/an dans le cas général.
Dans le Bassin Seine Normandie, le contour de la zone de répartition précise celui des règles prescrites par le SDAGE, ces deux réglementations ne s’appliquant qu’à la partie captive des nappes. Les zones de nappes libres ou semi-captives ne sont soumises qu’à la réglementation commune.

Une particularité des ZRE est que pour être applicable, le classement en ZRE doit faire l’objet d’un arrêté préfectoral.

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