La prévision des crues en Ile-de-France

En Ile-de-France, la prévision des crues dépend du service de prévision des crues Seine moyenne-Yonne-Loing.

En Ile-de-France, la prévision des crues dépend du service de prévision des crues Seine moyenne-Yonne-Loing. C’est ce service, au sein de la DRIEE, qui émet des bulletins de vigilance aux crues des grandes rivières d’Ile-de-France comme la Seine, la Marne et l’Oise, mais aussi en amont ( pour partie hors Ile-de-France), sur l’Yonne et le Loing…Tous ces bulletins sont diffusés sur le site national Vigicrues.

La Tour Eiffel lors de la crue de mai-juin 2016
crédit photo : Damien Vallente-Terra

Pour élaborer les bulletins, le service de prévision des crues, surveille l’évolution des niveaux des grandes rivières d’Île-de-France, mais également des cours d’eau plus petits (Yerres, Mauldre, Orge, Essonne…) y compris hors des frontières régionales. Ainsi, il prend en compte pour ses prévisions, des mesures sur l’Yonne et ses affluents (Serein et Armançon), principal contributeur des crues de la Seine à Paris, ainsi que les informations communiquées par les services de prévision en amont, Seine Amont Marne Amont, et Oise-Aisne.
Le service de prévision des crues Seine moyenne-Yonne-Loing est également responsable des prévisions sur le Loing et sur son affluent l’Ouanne.
Au total, le service de prévision des crues établit une vigilance sur 12 tronçons de cours d’eau.

Comment sont faites les prévisions de crues ?

Pour établir ces prévisions de crues, l’équipe d’une dizaine de prévisionnistes du service de prévision des crues de la DRIEE, analyse deux types de données :

  • les pluies prévues et les pluies constatées par Météo France,
  • les données hydrométriques de hauteur d’eau et parfois de débit, transmises par les appareils de mesure automatiques, les stations hydrométriques installées au bord des cours d’eau.

Ces données émises automatiquement par plus de 120 stations, dont 85 stations gérées par la DRIEE sont recueillies et analysées par le service de prévision des crues Seine moyenne-Yonne-Loing.

Une fois validées, elles sont combinées aux données météo au sein d’un modèle prédictif permettant d’établir une prévision qualitative (la couleur de vigilance) ou quantitative (un niveau à une échelle hydrométrique donnée). Ces prévisions de crues sont diffusées à travers le bulletin de prévisions des crues publié sur Vigicrues.

crédit photo : Arnaud Bouissou-Terra

Des modèles et des mesures de terrain

Pour aboutir à des prévisions les plus fiables possibles, le seul usage des modèles hydrologiques numériques est insuffisant. Il doit être complété par des mesures de terrain du débit des rivières. Soit pour confirmer les mesures automatiques ou pour fournir des éléments permettant de préciser les débits réels des rivières.
Le travail de terrain consiste également à corriger les dysfonctionnements des appareils de mesure ou l’identification de leurs perturbations. Par exemple, un arbre venu encombrer le débouché d’un pont, provoque une sur-élévation locale et non-représentative du niveau de l’eau.

L’une des difficultés dans ce travail, c’est d’établir la relation précise entre le débit de la rivière et la hauteur d’eau. Tant que les hauteurs d’eau se situent dans des valeurs connues, tout va bien. Mais, si comme en mai et juin 2016, on atteint sur le bassin du Loing des niveaux d’eau exceptionnels, supérieurs aux valeurs les plus hautes historiquement disponibles, alors, le modèle est moins fiable. On est dans l’extrapolation, ce qui peut générer des différences notables entre la prévision et la réalité de la rivière (effet de la végétation hors du lit de la rivière, etc.).

80 jaugeages de terrain pendant la crue de 2016

Un exemple : entre le 30 mai et le 3 juin 2016, la dizaine d’agents du service de l’unité hydrométrie de la DRIEE, ont effectué 80 jaugeages sur le terrain, soit des mesures de débit.
Sur la base de ces données, sur huit stations, les prévisionnistes ont alors été capables de corriger la mesure en temps réel, et de fiabiliser le suivi et la prévision.

Les enseignements des crues précédentes 2016 et 2018

Suite aux pluies exceptionnelles sur l’Île-de-France et la région Centre, les crues du printemps 2016 ont atteint des niveaux jamais vus depuis plusieurs siècles sur une grande partie du bassin du Loing et des petits cours d’eau d’Île-de-France. Sur la Seine, de part et d’autre de Paris, les niveaux n’avaient pas été vu depuis 1982. Un tel événement sollicite naturellement très fortement les appareils de mesure et les outils de prévision.

Les appareils de mesure

Des travaux ont été entamés pour remettre en état et sécuriser les stations de mesure, endommagées par la crue. Les opérations engagées ont permis de remettre en état et de rehausser les matériels submergés, de consolider l’alimentation électrique ou la transmission des données. Certains capteurs ont été modifiés et améliorés.
Plus largement, l’amélioration du réseau de mesure ou la prise en compte des nouvelles technologies de mesure ou de transmission de la donnée, est presque finalisé.

Affiner les modèles de prévision

Au-delà des difficultés matérielles, la crue de mai juin 2016, a permis d’affiner les modèles théoriques de prévision. Sur le Loing, dont la crue a été supérieure à 1910, les niveaux ont dépassé toutes les données connues, sur la base desquelles les outils sont paramétrés. Par ailleurs, l’estimation des débits générés par les pluies (avant qu’ils soient mesurés directement) et la prise en compte de l’ensemble des apports des petits affluents non mesurés doit être améliorée : il s’agit là de travaux à plus long terme.

En outre, un travail conséquent de relevés des laisses de crue (traces laissées par l’inondation) a été mené le long du Loing et de la Seine de part et d’autre de Paris. Associées aux prises de vue aériennes réalisées pendant l’événement, ces marques ont permis d’établir une première cartographie de l’extension de l’inondation et des hauteurs de submersion qu’elle a provoqué.

Enfin, au-delà des travaux issus du retour d’expérience des crues du printemps 2016, l’ensemble du réseau Vigicrues travaille à la diffusion prochaine des prévisions directement sur les graphiques du site Vigicrues (dans l’objectif d’en améliorer la lisibilité et la compréhension), associées à leurs incertitudes (inhérentes au travail de prévision). Un système d’alerte aux crues sur les petits cours d’eau non couverts par Vigicrues est en cours de déploiement à l’échelle nationale.

De la prévision des crues à la prévision des zones inondées

A partir des hauteurs d’eau prévues par le service de prévision des crues Seine-moyenne-Yonne-Loing, les services de gestion de crise ont besoin de déterminer quelle zone sera ou non inondée. Pour cela, il est nécessaire d’établir le lien entre cette prévision de hauteur d’eau et les cartes d’aléas inondations (les zones d’inondations potentielles, dites les ZIP), élaborées avant la crue par le service de prévision des crues, sur la base de modélisations d’écoulement. Elles établissent, en fonction de la hauteur d’eau à la station hydrométrique de référence, les zones susceptibles d’être inondées.

Les conséquences de l’inondation sur les enjeux exposés ne sont pas interprétés par le service de prévision des crues, mais par le référent départemental inondation (RDI), qui vient en appui des gestionnaires de la crise (services de secours, grands opérateurs de réseau, conseils départementaux…) placé sous la coordination des préfets de département.

Agent de la DRIEE (pour Paris et sa proche banlieue) ou de la DDT, c’est un spécialiste de son territoire et de la prévention des risques. Il a la charge d’évaluer, en fonction des hauteurs prévues, les conséquences concrètes à venir, sur la vie de la ville et celle des habitants : atteinte d’un hôpital par l’inondation, ligne de métro interrompue ou non.

crédit photo : Sylvain Giguet-Terra

En savoir plus :
Notre rubrique sur la connaissance et la prévision des crues

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