Une carte dynamique pour sensibiliser aux inondations et favoriser la résilience

En Île-de-France, les crues sont lentes : rien à voir avec les inondations du Sud de la France, conséquences de pluies torrentielles. Contrairement au pourtour méditerranéen, l’eau monte donc doucement en Île-de-France, mais elle reste longtemps : la crue majeure de 1910 a inondé le territoire pendant 6 semaines.

Paris inondée en 2016, l'eau a atteint 6m10 | @DR

Savoir si on pourra vivre normalement ou pas chez soi pendant la crue est donc une information essentielle.
"Être au sec" mais avec un chauffage coupé, une électricité défaillante ou des coupures d’eau, ce n’est pas tenable six semaines !

Pour aider les Franciliens à prendre conscience à la fois du risque d’être inondé, mais aussi du risque d’être impacté par les effets d’une crue, tout en étant "au sec", la DRIEAT et l’Institut Paris Région, mettent à disposition une carte interactive qui renseigne sur les zones inondées et sur les zones impactées non inondées, en tapant son adresse.

Votre quartier sera-t-il impacté par une inondation ?

La carte interactive permet de visualiser les impacts de la crue des quatre grandes rivières d’Île-de-France : la Seine, la Marne, l’Oise et le Loing. Cette cartographie dynamique permet à tous les riverains de ces cours d’eau de savoir, en fonction de l’adresse qu’ils auront saisie dans la barre de recherche, quelle sera la hauteur d’eau estimée à cet endroit, en fonction de différents niveaux de crue. Cette cartographie permet également de visualiser les impacts des inondations sur leur commune et sur certains équipements (école, hôpital, mairie, industrie…).

Pour bien se rendre compte, on peut faire monter ou descendre le niveau d’eau et donc faire varier l’ampleur des inondations. Ces curseurs permettent de passer facilement d’une crue fréquente jusqu’aux crues majeures. Des références aux crues récentes et historiques renvoient aux actualités – la crue majeure de 2016 dans la vallée du Loing – ou aux livres d’histoire – les crues centennales de 1910 pour la Seine et la Marne et de 1926 pour l’Oise.

Une carte pour visualiser les zones de fragilités des réseaux

Terrible pour ceux qui sont inondés, la crue ne sera pas sans conséquences pour ceux qui restent au sec.
En raison des dommages sur les réseaux, les Franciliens connaîtront des difficultés pour se chauffer, pour communiquer, pour s’éclairer, pour circuler… Il faut donc penser les effets indirects d’une crue et imaginer répondre à de nombreuses questions pratiques. Comment vivre dans un appartement qui n’a plus d’électricité, d’eau potable ou de sanitaires fonctionnels ? Comment retirer de l’argent si les distributeurs ne fonctionnent plus ? Comment s’informer quand télé et radio ne fonctionnent plus ?

Ces zones de fragilités électriques, d’assainissement, de chauffage urbain, de gaz, associées au risque inondation et aux populations impactées, constituent la nouveauté de cette carte interactive, construite sur la base des travaux engagés depuis 2016 par les opérateurs de réseaux, les services de l’État (DRIEAT, Préfecture de Police) et l’Institut Paris Région.

Presqu’un million de Franciliens inondés

Mais le double de personnes ayant des difficultés de vie quotidienne (eau, électricité, gaz ..)

À l’issue de ces travaux, il apparaît, pour une crue majeure de la Seine, de la Marne, de l’Oise et du Loing, en Île-de-France, que les effets sur les territoires non inondés seraient environ deux fois plus important que ceux de la seule zone vivant les pieds dans l’eau : environ 900 000 Franciliens seraient en zone inondée, mais jusqu’à 1 870 000 franciliens, sans être en zone inondée, seraient impactés par des dysfonctionnements des réseaux d’électricité, d’assainissement, de chauffage urbain et/ou de gaz (hors transport, télécoms et alimentation en eau potable).

Jusqu’à 530 000 salariés seraient en zone inondée et jusqu’à 1 100 000 salariés hors zone inondée seraient impactés par des dysfonctionnements de ces réseaux.

©Cartoviz

Un travail collaboratif avec les opérateurs de réseaux

Ce travail de cartographie est conduit depuis 2016, entre les opérateurs de réseaux et les services de l’État en Île-de-France pour prendre en compte le risque inondation dans leurs procédures de gestion de crise et de continuité d’activité. Dans cette optique, l’ensemble des acteurs sont mobilisés depuis quelques années pour produire et affiner des cartographies de vulnérabilités du territoire. Ces travaux d’analyse permettent également d’engager des actions pour réduire les fragilités des réseaux dans les zones non inondées pendant la crue, mais aussi raccourcir les délais de retour à la normale.

Sans être cartographiés ici, d’autres dysfonctionnements de réseaux liés au débordement des grands cours d’eau franciliens sont connus :

  • jusqu’à 6,8 millions de Franciliens hors zone inondée pourraient également être affectés par des dysfonctionnements du service d’approvisionnement en eau potable (d’une dégradation en qualité ou quantité jusqu’à l’arrêt du service remplacé pour un approvisionnement extérieur) ;
  • les déplacements seront difficiles : réseau routier et ferré inondé ; les circulations de part et d’autre des rivières seront difficiles ; le retour à la normale pourra mettre plusieurs mois (le métro new-yorkais n’est pas tout à fait remis de l’ouragan Sandy en 2012) ;
  • les réseaux de télécommunication seront impactés, tant sur les réseaux filaires (fibre, ADSL) que mobile.

Se préparer et gérer la crise

La réalité de terrain lors d’une crue pourra être différente de celles « prévues » par la carte interactive : les modélisations comportent des incertitudes. Cette nouvelle visualisation est donc d’abord un outil de sensibilisation et de préparation à la gestion de crise, qui n’a pas vocation à remplacer la réalité des données issues du terrain en gestion de crise.
Lors d’une crue majeure, les services de l’État seront pleinement mobilisés pour gérer la crise et communiqueront sur la conduite à tenir. Cependant, chaque Francilien sera responsable de sa propre sécurité et devra appliquer les consignes des autorités. Selon l’ampleur de la crise, il pourra ainsi être demandé aux plus impactés d’évacuer leurs habitations et plusieurs millions de Franciliens pourront être amenés à rester chez eux dans des conditions de vie dégradées (coupures de chauffage, eau courante de qualité dégradée, etc.).

Pour mémoire, la crue de 1910 a atteint 8,62 mètres à Paris Austerlitz et a duré plus de 6 semaines. Plus récemment, la Seine a atteint 5,88 mètres en janvier 2018 et 6,10 mètres en juin 2016.

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