Le chauffage au bois : un fort impact sur la qualité de l’air

Le chauffage au bois est responsable en Ile-de-France d’une bonne part de la pollution aux particules. De nombreux appareils sont encore anciens et très polluants. Retrouvez ici les explications et aussi les liens vers les dispositifs d’aides pour le remplacement des vieux appareils.

Le chauffage au bois : plus de 35 % des émissions de particules

Faire une flambée dans sa cheminée, c’est sympa … mais pas anodin pour l’air. En effet, le feu de cheminée émet d’importantes quantités de particules fines dans l’atmosphère. Pour limiter cette pollution, il faut si possible se doter d’un appareil performant qui consomme peu de bois et pollue moins, mais aussi brûler du bois sec et entretenir correctement son appareil. Des gestes simples expliqués dans la plaquette d’informations éditée par les services de l’Etat et l’ADEME ! Des aides existent pour renouveler son équipement ancien et peu performant.

Le secteur résidentiel représente la première source d’émission de particules fines en Ile-de-France devant le transport routier : 34 % pour les PM10 et de 54 % pour les PM2.5).
Le chauffage au bois est responsable de 86 % des émissions de PM10 primaires, et de 87 % des émissions de PM2.5 primaires du secteur résidentiel alors que ce combustible ne couvre que 6 % des besoins d’énergie de ce secteur (AIRPARIF- Bilan émissions 2019 Île-de-France).

Le chauffage au bois est intéressant pour l’environnement dans des installations de combustion de taille importante pour un chauffage collectif. Ces installations disposent de systèmes de traitement des fumées (filtres à particules notamment), de systèmes de pilotage optimisant la combustion de la biomasse et sont régulièrement contrôlées. Les émissions de polluants sont ainsi limitées.

La combustion du bois en foyer ouvert (cheminée ouverte) ou dans des équipements anciens (avant 2002) est à éviter. Leur rendement est faible et ne vous permet pas de vous chauffer de façon optimale. La combustion ne se passe pas dans de bonnes conditions et génère beaucoup de suie et de particules fines. Les équipements labellisés Flamme Verte 7 étoiles sont à privilégier.
Des aides existent pour changer votre équipement : Connaître la prime du Fonds air bois.

Plus de 540 000 ménages ont un chauffage au bois en Ile-de-France

Le chauffage d’agrément, c’est-à-dire la petite flambée pour le plaisir en hiver, contribue à polluer l’air de votre domicile et a un impact sur la santé même s’il ne s’agit que d’une petite flambée de temps en temps.
Selon les derniers chiffres (AirParif 2018 pour le PPA), revus à la baisse, plus de 540 000 ménages franciliens ont un chauffage individuel au bois et 15 % d’entre eux l’utilisent pour le loisir. La multitude de ces flambées est une source importante de pollution atmosphérique en Ile-de-France.

Plus de 540 000 cheminées et poêles à bois

dont 60 % sont des foyers ouverts et anciens d’avant 2002, soit les plus polluants

D’autres études, et notamment l’enquête ISPOS 2019 , estiment à 770000 le nombres de ménage utilisant du bois pour se chauffer dont 49% pour une utilisation d’agrément. Parmi ces équipements 49% sont des foyers ouverts et anciens d’avant 2002.

Trois scénarios pour réduire la pollution due au chauffage au bois

Les émissions de particules liées au chauffage au bois ont diminué de plus de 34% depuis 2005 grâce à la diminution de l’usage des cheminées à foyer ouvert et au remplacement des équipements anciens par des équipements plus performants labellisés flamme verte. Cependant, même les équipements de chauffage au bois individuel performants émettent plus de particules fines que les autres sources de chauffage individuel, hors charbon. L’effort engagé depuis 2005 par les professionnels de la filière, par les Franciliens et les politiques menées doivent donc être poursuivis, voir renforcés pour atteindre un bon état de qualité de l’air en Ile-de-France.

AIRPARIF a mené une étude modélisant trois scénarios théoriques de politique de réduction des émissions de particules fines liées au chauffage individuel au bois :
  • Le remplacement de tous les équipements de chauffage individuel d’avant 2002 utilisés comme chauffage principal. Cette mesure qui concernerait 30 000 logements en Ile-de-France, permettrait de réduire d’un quart les émissions de particules fines liées au chauffage principal individuel au bois, 8% des émissions de particules du chauffage au bois résidentiel et 2% des émissions totales de particules sur la région.
  • L’arrêt total de tous les équipements à foyer ouvert représentant 160 000 équipements. Ce scénario permettrait de réduire de 44% les émissions de particules du chauffage au bois résidentiel et de 13 % les émissions de particules en Ile-de-France, tous secteurs confondus.
  • L’arrêt de l’usage du chauffage au bois d’agrément, le feu de cheminée plaisir pouvant concerner environ 173 000 équipements. Ce scénario permettrait de réduire de 26 % les émissions de particules du chauffage au bois résidentiel et de 7 % les émissions de particules en Ile-de-France, tous secteurs confondus.
Pour plus d’information, vous pouvez consulter le rapport d’étude d’AIRPARIF : rapport sur le chauffage au bois (2020).

Les restrictions prévues par la réglementation

L’arrêté inter-préfectoral du 31 janvier 2018 approuvant la révision du PPA francilien fixe des conditions d’utilisation du chauffage au bois selon les secteurs géographiques et interdit certaines utilisation.

La liste des communes situées au sein de la zone sensible pour la qualité de l’air est annexée en annexe 1 de l’arrêté inter-préfectoral du 31 janvier 2018. La carte ci-dessous présente de manière schématique les communes concernées.

Les aides pour changer son équipement polluant

Le fonds air bois permet aux particuliers de remplacer son équipement de chauffage au bois peu performant par un équipement moins polluant.

Le Conseil régional d’Ile-de-France et le département de l’Essonne ont mis en place un tel fonds sur l’ensemble de la région. La prime peut aller jusqu’à 1500 € (aide de la Région Île-de-France et de l’ADEME) pour remplacer un appareil de chauffage au bois datant d’avant 2002 dans une commune de la zone de sensible pour l’air) Les informations sont disponibles sur le site du Conseil régional : Connaître la prime du Fonds air bois.

L’incitation au changement de comportement

Retour sur l’expérience de mise à disposition de micro-capteurs chez les particuliers menée avec des chercheurs de l’INSERM, de l’ENS et de Sciences Po

Près de 300 volontaires pour connaître la qualité de l’air dans leur domicile

Pendant toute la saison de chauffe 2019-2020, près de 300 ménages utilisateurs de chauffage individuel indépendant au bois (poêles, inserts, cheminées, …) ont participé à une expérimentation leur permettant de prendre conscience de l’impact de ce mode de chauffage sur la qualité de l’air à l’intérieur de leur domicile.

Un micro-capteur leur a été confié permettant de mesurer la concentration de particules fines dans leur pièce principale et des informations sur les conséquences sanitaires de la pollution aux particules fines et de la contribution du chauffage individuel indépendant au bois à ces effets sanitaires leur étaient régulièrement communiquées.

Une prise de conscience réelle des enjeux sanitaires liés au chauffage au bois

Cette expérimentation a entraîné une prise de conscience importante des risques sanitaires liés à ce mode de chauffage, identifié comme polluant l’air intérieur chez 79 % d’un groupe de participants contre 39 % avant l’expérience. La majorité d’entre eux ont déclaré avoir l’intention de réduire l’utilisation du chauffage au bois.

Cette intention s’est accompagnée d’un changement effectif des comportements chez les ménages qui, outre la campagne d’information, ont reçu régulièrement une courbe retraçant les niveaux d’expositions mesurés à leur domicile. Une réduction de 20 % du niveau moyen d’exposition aux particules fines a ainsi été observée entre le début de la campagne de chauffe et la fin de la campagne.

Un rapport complet de l’expérimentation a été produit par la DRIEAT.

ATTENTION : en page 54 de ce rapport, il est indiqué que l’ADEME est la source d’informations de la première rubrique. Il s’agit d’une erreur. Le paragraphe est une interprétation de l’équipe projet du rapport INERIS n°DRC-08-70801-15219Aconsultable en ligne, pour lequel l’ADEME n’a été qu’un des financeurs de l’étude.

Vers une généralisation de l’expérimentation ?

Une évolution des comportements pourrait être obtenue par des dispositifs de prêts de courte durée de capteurs de pollution qui informent en temps réel les ménages de leur niveau d’exposition – un profil correspondant à l’essentiel des capteurs destinés aux particuliers.

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