Quelle évolution de la polarisation de la population et de l’emploi en Île-de-France ?

La DRIEAT a publié une étude relative à l’évolution de la polarisation de la population et de l’emploi en Île-de-France sur les 20 dernières années tant du point de vue de la répartition de l’activité humaine que de la progression ou de la fragilisation des pôles.

Cette étude vise à répondre aux questions suivantes, à partir d’une analyse sur les vingt dernières années (1999 – 2017) :

  • au regard de l’évolution de l’activité humaine, l’organisation multipolaire de la région francilienne progresse-t-elle, ou assiste-t-on au contraire à un renforcement de la métropolisation (au sens de processus de concentration des populations et des emplois sur les centres urbains majeurs, ici parisiens) ?
  • quels sont les pôles qui se renforcent, et ceux qui sont en voie de fragilisation ?
La Seine à Montereau | ©DRIEAT/J.M Gobry

Que ce soit sur la période 1999–2017 ou 2007–2017, le phénomène de métropolisation au regard de l’activité humaine reste globalement stable, mais ce constat masque deux mouvements opposés : s’agissant de la population, le poids de l’agglomération centrale régresse alors qu’il augmente en matière d’emploi. Quant au modèle multipolaire, il ne progresse pas : au contraire, le poids des espaces polarisés diminue au sein de l’agglomération centrale.

L’Île-de-France demeure ainsi marquée par un centralisme historique autour de la capitale : en 2017, la Métropole du Grand Paris (MGP) concentre 58 % de la population et 69 % des emplois franciliens. Une certaine polarisation existe toutefois dans la mesure où l’activité humaine est polarisée à 84 % pour l’emploi et à 69 % pour la population au sein de l’agglomération centrale dans 46 pôles d’emploi multi-communaux (PEM), mais elle n’est polarisée qu’à 69 % pour l’emploi et à 60 % pour la population hors agglomération centrale dans 14 PEM et 42 autres agglomérations des pôles de centralité.

Entre 1999 et 2017, la progression de l’activité humaine francilienne a été plus importante en dynamique dans les territoires non polarisés que dans les territoires polarisés (+ 10,7 % contre + 8,1 %), où elle a été à l’inverse plus forte en volume (+ 49 200 habitants et emplois/an contre 25 300). Les territoires non polarisés (reste de l’agglomération centrale, bourgs, villages et hameaux) ont capté 34 % de la croissance de l’activité humaine et ont renforcé leur poids même si leur part dans l’emploi a diminué. Sur 2007 – 2017, ils ont capté 40 % de la croissance de l’activité humaine, renforçant leur poids aussi bien au regard de la population que de l’emploi.
L’agglomération centrale et la MGP ont maintenu leur poids dans l’activité humaine francilienne en renforçant leur part de l’emploi tout en diminuant leur part de la population sur les deux périodes.

Carte de l'évolution de l'activité humaine dans les pôles entre 2007 et 2017
Carte de l'évolution de l'activité humaine dans les pôles entre 2007 et 2017

La population se disperse, l’emploi se concentre

In fine, la population a progressé partout, tandis que les PEM hors agglomération centrale et les autres agglomérations des pôles de centralité ont perdu des emplois sur les deux périodes, ce qui a impacté à la baisse leur taux d’emploi (rapport entre le nombre d’emplois au lieu de travail et le nombre d’actifs au lieu de résidence âgés de 15 à 54 ans).
Ainsi en 2017, plus du tiers de la population francilienne vit dans un espace polarisé à l’équilibre habitat-emploi ou tendant vers l’équilibre (Paris Nord, Massy-Les-Ulis, Bobigny, Trappes, Montereau, Rambouillet, Dourdan, Provins…) mais 42 % des emplois franciliens sont localisés dans des pôles où les déséquilibres s’aggravent c’est-à-dire dans des pôles résidentiels au taux d’emploi en baisse, ou bien dans l’un des 7 pôles économiques au taux d’emploi en hausse (les autres pôles parisiens, Versailles Vélizy, Saint-Cloud, Chessy-Lagny-sur-Marne).

Carte de l'évolution de la population dans les pôles entre 2007 et 2017
Carte de l'évolution de la population dans les pôles entre 2007 et 2017

L’activité humaine a progressé dans les PEM situés au sein de l’agglomération centrale, qui se renforcent, tandis qu’hors agglomération centrale, les pôles ont perdu des emplois.

Entre 1999 et 2017, presque tous les PEM de l’agglomération centrale ont gagné en activité humaine, sauf Paris Centre, Trappes, Les Mureaux et Taverny.
À l’inverse, presque tous les PEM hors agglomération centrale ont perdu des emplois. Les plus dynamiques ont été Meaux, Brie-Comte-Robert, Coulommiers et Étampes. Les trois quarts des autres agglomérations des pôles de centralité ont perdu des emplois, les plus dynamiques ayant été Dammartin-en-Goële, Ballancourt-sur-Essonne, Viarmes et Tournan-en-Brie.
Sur un total de 108 pôles étudiés, seuls 3 ont perdu à la fois des emplois et des habitants : Trappes, Paris Centre et Château-Landon.
En interne à l’agglomération centrale, on observe un ralentissement de la croissance démographique au centre, en parallèle à une concentration de l’emploi de plus en plus forte dans les six pôles parisiens, à savoir : Paris Nord (incluant la commune de Saint-Denis, qui avec 19 700 emplois supplémentaires est la commune francilienne ayant gagné le plus d’emplois entre 2007 et 2017), La Défense, Paris 8, Paris Ouest, Paris Centre et Paris Sud. Avec 2,5 millions d’emplois, ces six pôles parisiens, représentent 43 % de l’emploi francilien en 2017.

Carte de l'évolution de l'emploi dans les pôles entre 2007 et 2017
Carte de l'évolution de l'emploi dans les pôles entre 2007 et 2017

Pour en savoir plus, consultez l’étude relative à l’évolution du polycentrisme en Île-de-France :

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