Inondations : une nouvelle stratégie pour renforcer la résilience de l’Ile-de-France

Le 12 octobre, Etat, collectivités, associations et acteurs économiques se sont réunis pour adopter une Stratégie commune de prévention des risques inondation.
Une mobilisation indispensable dans une région très vulnérable aux inondations où plus 2,3 millions de Franciliens seraient susceptibles de devoir évacuer en cas de crue majeure (type 1910) et où les dommages directs sont estimés jusqu’à 30 milliards d’euros.

Une crue majeure avec des impacts majeurs

En cas de crue majeure équivalente à celle de 1910 :

  • 900 000 Franciliens vivront en zone inondée,
  • jusqu’à 1,4 million de Franciliens supplémentaires hors zone inondée pourraient être amenés à évacuer, car les dysfonctionnements sur les réseaux électriques et d’assainissement rendraient leur vie trop difficile ;
  • jusqu’à 30 milliards d’euros de dommages directs.

La Stratégie inondation francilienne permet à tous les acteurs mobilisés de partager les grandes orientations à mettre en œuvre collectivement pour accélérer la réduction de la vulnérabilité du territoire face à ce risque naturel majeur. Elle a notamment fait l’objet d’une concertation entre mai et juillet 2023 par les services de l’État auprès d’une centaine d’acteurs.

La Stratégie adapte ses objectifs en fonction de l’ampleur des inondations : réduire les aléas et les dommages pour les crues fréquentes, renforcer la résilience via les politiques d’aménagement et le fonctionnement des réseaux pour les crues intermédiaires et anticiper au mieux la crise due aux crues extrêmes. Elle vient en complément des outils existants au niveau du bassin Seine Normandie (Plan de gestion des risques inondations) et des huit programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI) en cours sur la région.

Une Stratégie pour réduire les aléas et les dommages face aux crues fréquentes

(période de retour 10-30 ans)

Actuellement, une dizaine de systèmes d’endiguement, protégeant plus de 230 000 personnes sont autorisés et les grands lacs réservoirs existants peuvent stocker jusqu’à 817 millions de m³ d’eau.
La nouvelle stratégie va suivre la réalisation des ouvrages de stockage en construction ou en projet, poursuivre les autorisations de systèmes d’endiguement et inciter à préserver voire restaurer des zones d’expansion des crues.
Pour les 4 400 bâtiments d’habitation et 400 établissements d’activité encore potentiellement vulnérables aux crues fréquentes des grands cours d’eau, la Stratégie incite à augmenter les travaux de réduction de vulnérabilité.

Une stratégie pour favoriser la résilience du territoire en cas de crue intermédiaire

(période de retour 100-300 ans)

Le territoire est bien couvert par les plans de prévention des risques d’inondation (PPRI) par débordement sur les principaux cours d’eau. Mais, pour aller plus loin, la Stratégie veut encadrer une meilleure prise en compte de ce risque dans les documents d’urbanisme (PLUi, SCoT…) pour une adaptation plus globale des territoires.
Pour améliorer la résilience d’un territoire vulnérable aux dysfonctionnements des réseaux, où 3 à 4 fois plus de Franciliens même non inondés, seraient impactés par des dysfonctionnements de réseau, la stratégie pousse à accélérer les actions déjà engagées pour réduire les impacts hors zone inondée et diminuer les délais de retour à la normale.

Une Stratégie pour se préparer à gérer la crise face aux crues extrêmes

(période de retour 1000 ans et plus)

Jusqu’à 2,3 millions de Franciliens devront être évacués en cas de crues extrêmes et 190 hôpitaux seraient impactés. Il est donc nécessaire, et c’est inscrit dans la Stratégie, de consolider la préparation des collectivités locales (via les plans communaux de sauvegarde), des opérateurs et des services de l’État, par des exercices de crise réguliers. Il faut également réduire les délais de retour à la normale post crue. La stratégie va travailler sur ces deux axes.

Une stratégie pour étudier les crues par remontée de nappes et le ruissellement

Des crues aux origines diverses

Une crue peut venir :

  • du débordement des cours d’eau,
  • des effets du ruissellement,
  • ou alors de la remontée des nappes phréatiques gonflées par les eaux. Ces deux phénomènes sont moins étudiés.

Enfin cette stratégie prévoit d’étudier la vulnérabilité du territoire aux inondations par remontées de nappe, notamment pour les infrastructures souterraines.
Elle prévoit aussi d’analyser les inondations liées au ruissellement : depuis 1995, 57 % des sinistres d’inondation sont situés hors des zones de débordement des cours d’eau. Un aléa ruissellement qui va augmenter les prochaines décennies en raison des effets du réchauffement climatique, qu’il faut mieux connaître pour mieux l’intégrer.
Entre 2009 et 2022, 72 millions d’euros ont été investis dans la prévention des inondations en Île-de-France au titre du fonds de prévention des risques naturels majeurs (plus communément appelé fonds Barnier) avec une dynamique à la hausse ces dernières années. Cette dynamique va se poursuivre.

990 millions d'euros C’est le montant des dommages des inondations de 2016 (hors automobiles ; 514M€ en Ile-de-France) pour une hauteur de 6,1 m à Paris Austerlitz. Mais une crue qui dépasse 1910 sur le Loing.

Les inondations en Ile-de-France : l’eau monte lentement, en comparaison avec les inondations du Sud de la France, mais reste longtemps.
En 1910 l’eau est montée pendant 12 jours …mais la décrue a pris 5 semaines !

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