Stratégie inondation francilienne

Le risque d’inondation est le risque naturel numéro 1 en Ile-de-France.

Lors d’une crue majeure de la Seine, de la Marne et de l’Oise (équivalente à la crue historique de 1910), ce territoire de 12,2 millions d’habitants sera particulièrement touché :

  • 900 000 Franciliens vivront en zone inondée. Dans certains secteurs, l’eau restera pendant plusieurs semaines. En effet, si les les crues de la Seine et de ses grands affluents surviennent assez lentement, elles sont aussi très lentes à s’évacuer
  • 1,4 million de personnes, même sans vivre dans des logements inondés, pourraient également être contraints d’évacuer en raison de dysfonctionnements des réseaux électriques et d’assainissement, ce qui rendrait la vie impossible
  • même en restant chez eux plusieurs millions de Franciliens vivront en condition dégradée pendant plusieurs jours à plusieurs semaines en raison de dysfonctionnements des autres réseaux : gaz, chaleur urbaine, eau potable, télécoms, transports en commun
  • les dommages directs représenteront jusque 30 milliards d’euros.
Evacuation à Nemours lors de la crue de 2016 | Arnaud Bouissou / Terra

Le territoire peut également touché par des inondations liées à la remontée des nappes souterraine et aux ruissellements (après les épisodes de pluies intenses).
Tout le travail des acteurs de la prévention, de la DRIEAT, de la Préfecture de Police, des collectivités, des opérateurs de réseaux… vise à rendre l’Ile-de-France plus résiliente face à ce risque majeur.
L’un des outils pour cela, c’est la Stratégie inondation francilienne.

La nouvelle Stratégie inondation francilienne

Pour rendre le territoire plus résilient face à ces risques d’inondation, une nouvelle Stratégie inondation, élaborée par les services de l’État et les principaux partenaires, a été lancée suite à l’Assemblée du 12 octobre 2023 réunissant une centaine de participants (collectivités locales, associations, acteurs économiques et experts).

A disposition également : le diaporama présenté le 12 octobre 2023 devant l’Assemblée des parties prenantes.

Ce projet poursuit les dynamiques enclenchées par les 2 précédentes Stratégies locales (pour la métropole francilienne et pour le territoire de Meaux) et se décline en 24 orientations stratégiques (OS) qui ont vocation à être partagées par les acteurs du territoire : collectivités locales (en particulier les collectivités porteuses de PAPI ou gestionnaires de systèmes d’endiguement), acteurs socio-économiques, experts scientifiques, riverains et services de l’État.

Pour suivre l’avancement vers un territoire plus résilient, 13 indicateurs prioritaires ont été retenus et seront discutés et mis à jour lors du comité de suivi annuel.

Réduire les aléas et les dommages face aux crues fréquentes

L’Ile-de-France est globalement bien protégée face aux crues fréquentes de la Seine, de la Marne et de l’Oise, grâce à plusieurs importants ouvrages de stockage et systèmes d’endiguement :

  • au 1er juillet 2024, 35 systèmes d’endiguement protégeant plus de 240 000 personnes sont autorisés en île-de-France, sur près de 50 systèmes d’endiguement (indicateur OS 7.1)
  • les grands lacs réservoirs existants (gérés par les EPTB Seine Grands Lacs et Entente Oise Aisne, situés en amont hors Ile-de-France) peuvent stocker au maximum jusqu’à 817 millions de m3 en cumulé (la Seine avait généré environ 5 milliards de m3 lors de la crue de 1910).
    Ouvrages de stockage de + de 10 millions de m3 ayant une influence en Ile-de-France

Au 1er juillet 2024, 2 aménagements hydrauliques sont autorisés en Ile-de-France (indicateur OS 6.1) : le casier Seine Bassée, en Seine-et-Marne (EPTB Seine Grands Lacs, 10 millions de m3 de stockage supplémentaires), et l’ouvrage de Bures-sur-Yvette (SIAHVY).
A terme, 30 aménagements hydrauliques, situés en grande couronne, devraient être autorisés. Le projet de l’Entente Oise Aisne d’extension de l’ouvrage de Longueuil (60) aurait une incidence dans le Val-d’Oise.
Ces ouvrages ont cependant des limites : ils ne protègent pas face aux évènements majeurs et sont à surveiller pour limiter les risques de rupture.
Pour + de détails.

Certains secteurs restent cependant vulnérables aux crues fréquentes : pour les grands cours d’eau (scénario "R0.6", période de retour 20 ans environ, 40% de risque de se produire pendant les 20 prochaines années), on estime à 4 400 logements et 400 bâtiments d’activité inondables.

  • des travaux ont déjà été réalisés (notamment par les opérateurs de réseaux et dans plusieurs collèges par les conseils départementaux)
  • les guides d’auto-diagnostic DRIEAT proposent les mesures organisationnelles et structurelles qui peuvent être mises en œuvre, avec les coûts associés
  • la carte ci-dessous présente les territoires portant des actions de diagnostics de réduction de la vulnérabilité sur l’habitat ou les petites entreprises (indicateur OS 5.3)

Rendre le territoire plus résilient aux crues et pluies centennales

Les principaux cours d’eau sont maintenant couverts en Île-de-France par les plans de prévention des risques d’inondation (PPRI), dispositif à la main des services de l’État pour la maîtrise de l’urbanisation dans les zones à enjeux.

La politique d’aménagement des territoires reste avant tout une compétence des collectivités locales. A ce titre et pour dépasser les limites des PPRI, la Stratégie incite les collectivités locales à une prise en compte ambitieuse, dans leurs documents d’urbanisme (PLUi, SCoT), des risques d’inondation liés au débordement des cours d’eau et également au ruissellement (aléa peu couvert par les PPRI ; l’analyse de novembre 2023 de l’Institut Paris Region éclaire bien cet enjeu).

Dans cette optique, la DRIEAT a expertisé les derniers PLUI pour relever les points positifs et les axes d’amélioration pour les PLUI dont l’élaboration ou la révision sont prochainement envisagés (indicateur OS 4.3).

De nombreux projets d’’aménagement de quartiers sont développés sur le territoire francilien, notamment en réhabilitation de friches. Pour ceux situés en zone inondable, les acteurs de l’aménagement (collectivités, promoteurs, urbanistes…) peuvent concevoir des quartiers résilients à ces aléas en s’appuyant sur la charte francilienne (indicateur OS 4.2), dans l’approche du fameux quartier Matra à Romorantin-Lanthenay (41).
La DRIEAT aura une vigilance particulière à la prise en compte de cet enjeu dans les EcoQuartiers.

Pour + de détails, la réunion du réseau Planif territoires IdF du 01/12/2023 était justement dédiée à la prise en compte des risques naturels dans l’aménagement ; la newsletter de février 2024 propose plusieurs documents utiles.

Dans un territoire très dense et interconnecté, les inondations, notamment les crues des grands cours d’eau, impactent fortement les réseaux : les usines de production, les canalisations et câbles de distribution, les équipements techniques… avec des conséquences également au-delà des zones directement inondées.

Co-production avec l’Institut Paris Region, "Cartoviz ZIP" intègre les zones potentielles de fragilité réseaux électriques, assainissement, gaz et chaleur urbaine modélisées par les opérateurs.

En rose, les secteurs non inondés potentiellement impactés par des fragilités réseaux sont représentés (scénario de crue "R1.0", entre 5 et 10% de risque de se produire dans les 10 prochaines années ©Cartoviz ZIP, Institut Paris Region & DRIEAT)

La Stratégie reprend ces objectifs de réduction de vulnérabilité vers lesquels s’engagent les opérateurs de réseaux depuis des années à réduire le nombre de personnes impactés hors zone inondée et à améliorer les délais de retour à la normale, avec l’appui de leurs autorités compétentes et des services de l’État (indicateurs OS 5.1).

Se préparer à gérer des inondations majeures

L’Île-de-France s’est construite le long de ces fleuves et rivières et ces zones inondables sont maintenant densément urbanisées et peuplées. Quand la crue sera majeure et aura surpasser les ouvrages de protection, la crise sera d’une ampleur exceptionnelle.

Jusqu’à 2,4 millions de personnes seront alors amenés à évacuer les secteurs inondés, parfois pendant plusieurs semaines, ou fortement impactés par les coupures de réseaux (indicateurs OS 1.4).

Tous les acteurs anticipent et se préparent pour gérer les conséquences de court, moyen et long termes de cette crue majeure : disposition inondation du plan ORSEC pour l’État, plans de continuité d’activité pour les opérateurs, plans communaux de sauvegarde (PCS) pour les collectivités locales (indicateur OS 3.2)…

Mi 2023, 77% des communes concernées avaient réalisées leur PCS
Pour poursuivre cette dynamique dans l’élaboration des PCS volet inondation, dans la réalisation d’exercice de crise, les services de l’État et les porteurs de PAPI sont disponibles pour épauler les collectivités.

La Stratégie inondation francilienne pousse à la préparation des secteurs sensibles du quotidien, en particulier du secteur santé sous le pilotage de l’ARS pour relever le défi en cas de crue majeure : 200 hôpitaux et 300 EPHAD seront inondés ou impactés par des fragilités de réseaux en cas de crue majeure (indicateur OS 5.2).

Poursuivre la sensibilisation des publics et les investissements

Lors d’un sondage en 2017 réalisé par IPSOS pour l’EPTB Seine Grands Lacs (indicateurs OS 1.5) :

  • 38% des Franciliens pensent que l’Ile-de-France n’est pas exposée à un risque d’inondation de grande ampleur
  • 80% des sondés souhaitent être mieux informés sur les risques d’inondation

Les outils mis en place par l’État ou les collectivités peuvent répondre à cette demande :

  • en période de crue ou d’orage, via les dispositifs Vigicrues (pour les grands cours d’eau), Vigicrues flash et APIC (pour les petits cours d’eau et en cas d’orage) et par des systèmes d’alerte locaux
  • pour les enjeux des inondations par remontée des nappes souterraines, un réseau d’alerte se mettra en place d’ici quelques années (plus de 200 piézomètres de la ville de Paris (inspection générale des carrières) et de la RATP disposent déjà d’une télé-relève ; indicateur OS 2.2, pilotage par l’EPTB Seine Grands Lacs)

Ces différentes actions, de l’amélioration des connaissances jusqu’à la réduction de vulnérabilité de l’existant, orienteront l’Ile-de-France vers une plus grande résilience face aux inondations, en permettant de limiter les impacts pour les sinistrés et de réduire les dommages économiques et culturels :

  • entre 1995 et 2018, les sinistres inondation se sont élevés à 45 M€/an en moyenne (514 M€ en Ile-de-France lors de la crue majeure du Loing en mai-juin 2016)
  • jusqu’à 30 milliards d’€ de dommages directs en cas de crue centennale
  • 89 M€/an en moyenne estimé à horizon 2050 (intégrant changement climatique et évolution démographique).

Pour mettre en œuvre de manière ambitieuse les actions de prévention contre les inondations, le nerf de la guerre reste l’investissement financier ; le coût de l’inaction s’avérera plus élevé que celui de la prévention.
Plusieurs leviers financiers existent, principalement structurés dans les PAPI, financés en particulier par le fonds État de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), le fonds européen FEDER ou les contributions des collectivités locales (collectivités en charge de la GEMAPI comme la Métropole du Grand Paris, les conseils départementaux).

  • Sur la période 2009-2022, les investissements ont atteint 147 M€ (dont 72 M€ par le FPRNM).

Les intercommunalités peuvent notamment lever une taxe dédiée à la GEMAPI (en 2021, 2,38€ par Francilien).

Pour + de détails sur les financements via les PAPI en IdF

De 2016 à 2022 : une stratégie inondation (SLGRI) de la métropole francilienne qui a déjà mobilisé les acteurs

Bilan à mi parcours sur la SLGRI 2016-2022
Le document de bilan à mi parcours à fin 2019 de la stratégie inondation 2016-2022

Le document débute par une synthèse en 10 pages.
En annexe, le détail de l’avancement (à fin 2019) de chacune des 112 mesures de la SLGRI 2016-2022 est ensuite détaillé.

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